Deux nouvelles études sur l'attractivité du métier d'enseignant et sur la baisse du niveau scolaire

Le Haut-commissariat à la Stratégie et au Plan publie de nouveaux travaux qui proposent des éclairages complémentaires sur la capacité du service public d'éducation à garantir la pleine réalisation des missions de l'école. Dans le prolongement du rapport de France Stratégie « Travailler dans la fonction publique », la première note d'analyse, accompagnée d'un document de travail, se penche sur la crise d'attractivité que traverse le métier d'enseignant. Une seconde note s'intéresse au niveau préoccupant des élèves français en comparaison internationale.

Publié le : 18/06/2025

Mis à jour le : 18/06/2025

Consulter la note d'analyse 154

Enseigner : une vocation à reconstruire, un équilibre à restaurer

Une crise d'attractivité du métier d'enseignant devenue structurelle 

La crise d'attractivité que traverse le système éducatif diffère des précédentes tensions sur le recrutement. De nombreux indicateurs révèlent une distorsion devenue structurelle entre les besoins du service public d'éducation et sa capacité à les satisfaire : 
-    Les candidatures sont devenues insuffisantes pour couvrir les postes offerts aux concours. 
-    Les départs volontaires en cours de carrière, longtemps marginaux, sont en forte augmentation. 
-    Le recours aux contractuels (entre 2015 et 2022, leurs effectifs ont crû de 43 % dans le secteur public) ne permet pas d'endiguer l'augmentation du nombre et de la durée des vacances de postes ni les tensions persistantes sur le remplacement. 
-    Alors que le vieillissement de la population enseignante va entraîner des départs massifs à la retraite, on observe les indices préoccupants d'une contraction à venir du vivier de recrutement, sous l'effet d'une perte d'attractivité des filières universitaires menant directement ou indirectement à l'enseignement.

Métier d'enseignant : une vocation à reconstruire, un équilibre à restaurer

Ces phénomènes ne doivent pas être interprétés comme un désamour généralisé pour l'enseignement. Comme le montre l'enquête qualitative qui nourrit le propos de la note, la mission d'enseignement fait toujours l'objet d'un attachement et d'un investissement forts. Mais le déséquilibre entre l'exigence du métier, la reconnaissance accordée, les rémunérations et les conditions concrètes d'exercice alimente un sentiment de déclassement et d'abandon délétère pour son attractivité. Seuls 7 % des enseignants français estiment leur profession valorisée dans la société, soit 4 fois moins que la moyenne OCDE. 
Malgré des différences qui subsistent selon les disciplines, les territoires, les secteurs, les profils de candidats au métier, cette tendance est préoccupante et pèse tant sur l'équité du service public d'éducation que sur les performances des élèves. Elle appelle à poursuivre les chantiers structurants de la formation, de l'accompagnement dans les débuts de la carrière et des rémunérations, afin de reconstituer et d'élargir le vivier et de créer les conditions d'un nouveau contrat social pour et avec les enseignants.  

« La réforme de la formation peut et doit jouer à cet égard un rôle clé, de même que la reconstitution de viviers de recrutement, au début et en cours de. En plus des rémunérations, la question de la qualité de vie doit aussi être traitée de manière créative et volontariste, par exemple en réservant, avec les rectorats et les collectivités, des logements dans le parc intermédiaire pour les enseignants. Attirer et fidéliser les talents, former et valoriser mieux les enseignants, et in fine instruire et éduquer (beaucoup) mieux nos jeunes : c'est un projet d'excellence républicaine dont l'avenir de notre pays a besoin. »

Clément Beaune, Haut-commissaire à la Stratégie et au Plan.

Consulter la note d'analyse 155

Niveau scolaire en France : 
faut-il s’inquiéter ? 

Un niveau faible en comparaison internationale

La seconde note s'intéresse au niveau scolaire des élèves français. Le constat est aujourd'hui connu : en comparaison internationale, les performances des écoliers et collégiens français sont très éloignées des standards européens, en particulier en mathématiques et en sciences. La situation est particulièrement inquiétante à l'école primaire. En mathématiques, le niveau des élèves a nettement reculé ces trente dernières années, aussi bien au primaire qu'au collège.  En 2023, en mathématiques, seuls 10 % des élèves français de CM1 atteignent ou dépassent le niveau qu'obtiennent ou dépassent 40 % des élèves anglais. Surtout, la faiblesse du niveau, en comparaison internationale, est générale et concerne tous les profils d'élèves : garçons et filles, enfants de milieu modeste et de milieu privilégié, élèves les plus faibles comme élèves les meilleurs.

Quelles conséquences sur la qualité des études supérieures et sur notre économie ?

A quel point faut-il s'inquiéter de la situation ? Certaines données sont relativement rassurantes : le niveau de compétences des adultes en France, quoique modeste en comparaison internationale, ne fléchit pas, y compris dans les classes d'âge les plus jeunes (16-24 ans). On ne note pas non plus de désaffection pour les filières scientifiques et le manque d'ingénieurs supposé ne paraît pas vraiment aujourd'hui documenté même si les besoins devraient croître dans les prochaines années. Mais on ne peut pas se satisfaire de la situation actuelle : du temps est perdu à l'école et il faut désormais davantage d'années d'études pour atteindre un même niveau de compétences à l'âge adulte - une perte de ressources préoccupante.

« Il est impossible de se satisfaire d'une telle situation : l'école ne forme pas seulement des travailleurs, mais d'abord des citoyens, et les savoirs fondamentaux contribuent à leurs choix démocratiques ; même sur un plan économique et social, comment accepter un tel gâchis collectif, consistant à ne pas apprendre au mieux dès le plus jeune âge, là où nos voisins d'Europe font mieux que nous ? »

Clément Beaune, Haut-commissaire à la Stratégie et au Plan.

Premiers éléments de diagnostic : une formation initiale inadapté

Si le constat est largement partagé, ses causes restent mal identifiées. De nombreuses hypothèses sont avancées mais sont rarement documentées. La note examine en détail une première piste : celle d'une formation initiale inadaptée. En France, la proportion d'enseignants qui se disent mal préparés à leur métier est nettement plus élevée qu'ailleurs. De fait, le processus de recrutement et de formation initiale des enseignants est assez éloigné des pratiques en vigueur dans d'autres pays. Une réforme en profondeur de la formation initiale a d'ores et déjà été annoncée pour les prochaines années. Le Haut-commissariat à la Stratégie et au Plan poursuivra son diagnostic dans les mois qui viennent. 

Suivez-nous sur les réseaux sociaux et Abonnez-vous à notre lettre d’information